Ce 19 mars 2025, nous fêtions le dixième anniversaire de la consécration épiscopale de Mgr Jean-Michel Faure. La consécration eut lieu au Brésil, au Monastère de Santa Cruz, grâce à l’hospitalité de dom Thomas d’Aquin OSB, qui fut consacré l’année suivante en la même fête.
Merci Mgr Faure d’avoir accepté cette charge !
Et merci à Mgr Williamson d’avoir transmis l’épiscopat, pour la continuation de l’Opération Survie de Mgr Lefebvre !
Puisqu’un tel évènement est en soi grave, voici quelques liens pour mieux comprendre les raisons de cet acte nécessaire au Combat de la Foi et qui ne fut pas posé à la légère.
Ce samedi 1 mars, Son Excellence dom Thomas d’Aquin O.S.B., a conféré le sous-diaconat à quatre clercs: un frère bénédictin, un dominicain et deux séminaristes de la Société des Apôtres de Jésus et Marie. Outre ces ordinations, la tonsure a été conférée à un autre frère dominicain, et les ordres mineurs d’exorciste et d’acolyte à l’un de nos séminaristes et à un dominicain.
Dans le sermon, Monseigneur a rappelé la nécessité d’âmes saintes dans le monde et les effets particuliers que peuvent avoir ces âmes saintes quand ce sont celles de prêtres, donnant l’exemple du curé d’Ars et de Mgr Lefebvre.
Nous confions les 7 nouveaux ordonnés à vos prières.
Monseigneur Williamson fut toujours pour moi un ami, mais aussi un confrère, puisque nous sommes entrés le même jour à Écône au séminaire de Mgr Lefebvre en octobre 1972, et également un professeur (nous étudions par exemple le texte grec de l’Apocalypse), un maître et, finalement, mon père dans l’épiscopat puisqu’il m’a consacré lors d’une grande cérémonie au monastère de Mgr Thomas d’Aquin dans les montagnes du Brésil à Nova Friburgo à laquelle participèrent de très nombreux fidèles, en 2015.
Au chapitre général de la FSSPX en 2012, nous fûmes trop peu nombreux pour empêcher son éviction du chapitre, puis de la Fraternité, mais tout était programmé par les supérieurs dans ce but et c’est à partir de là surtout que cette société s’est orientée vers un accord pratique, canonique, avec la Rome moderniste, dont les premiers effets furent la reconnaissance canonique (« officielle ») des mariages de la Fraternité et la juridiction « officielle » pour les confessions des prêtres de la Fraternité. C’est donc bien, de fait, la poursuite d’un accord pratique, et non doctrinal, de la Fraternité avec la Rome moderniste qui valut à Mgr Williamson son expulsion. Il s’est alors retrouvé dans la nécessité de résister à la FSSPX qui s’efforçait d’obtenir un « accord pratique » avec les autorités subversives du Vatican, par fidélité au combat de la foi, qui était celui de Mgr Lefebvre.
À la rentrée de 1972, à Écône, nous étions trente-cinq nouveaux candidats alors que les séminaires diocésains en France et dans le monde fermaient les uns après les autres, faute de vocations. Par milliers les prêtres et les religieux jetaient leurs habits aux orties, abandonnaient définitivement leurs vœux et optaient pour le mariage, après avoir perdu la foi. C’est dans ce contexte que les évêques de France déclarèrent le séminaire de Mgr Lefebvre « irrégulier », contre-vérité flagrante puisque les documents romains établissaient le contraire.
Les années de séminaire de Mgr Williamson furent donc les années qui virent Mgr Lefebvre défendre l’existence de son séminaire malgré les assauts sans cesse répétés des autorités voulant en finir avec la Tradition de l’Église au nom d’une fausse charité œcuménique et d’une fausse obéissance qui n’était pas autre chose qu’un abus de pouvoir, dirigées contre la Tradition et contre la foi, ce qui, un demi-siècle plus tard, est une évidence. On reconnaît l’arbre à ses fruits.
Mgr Williamson n’a fait dès lors que rester fidèle, à l’exemple des saints, résistant contre vents et marées aux prétentions des novateurs installés au poste de pilotage, aux commandes du navire pour le dérouter.
Mgr Williamson est donc resté fidèle jusqu’au bout à ce que Mgr Lefebvre lui avait légué : « tradidi quod accepi ». Fidelis inventus est, il a été trouvé fidèle, comme le disait sa devise. Puissions nous l’être à notre tour…
Prêtre depuis le 24 juin 2022, l’Abbé Rousseau est professeur d’Histoire de l’Église au séminaire Saint Louis-Marie Grignion de Montfort et au Couvent de la Haye-aux-Bonshommes. En parallèle avec sa mission d’enseignement, il est également responsable d’un apostolat en Europe centrale.
« -Monsieur l’Abbé, ces aéroports, ces vols, ces embarquements et ces débarquements vous sont familiers. Mais de quand date votre premier contact avec l’Europe de l’Est ?
Comme prêtre ? En fait, dès le mois suivant mon ordination, puisque, ordonné le 24 juin, je célébrais une première messe à Prague le 24 juillet. Mais je ne pensais pas que cette première messe allait déboucher sur un apostolat qui s’est poursuivi depuis lors… En fait, même cette première messe à Prague était un peu imprévue, résultat d’une petite erreur géographique de ma part ! une invitation dans le Valais m’en fit accepter une autre à Sankt-Gallen, à l’autre bout de la Suisse; ensuite, je me suis dit que je pourrais profiter de ma proximité avec l’Autriche pour visiter notre courageux confère l’abbé Martin Fuchs: j’oubliais alors l’incroyable longueur de ce pays si étiré qu’est l’Autriche ! De là, Prague n’était pas loin, et l’Enfant Jésus m’y invitait : comment refuser une telle invitation ? Et c’est comme cela (après un certain nombre de péripéties) que j’en suis finalement arrivé à reprendre une partie de l’apostolat du cher abbé Fuchs, qu’il avait été contraint d’interrompre par sa leucémie en 2019…
— Vous avez donc commencé à Prague, mais ce n’est plus le seul lieu où vous vous rendez ?
Effectivement. Les fidèles de Prague ont été les premiers à me demander de revenir après ma première messe, mais la Providence a permis que des voyages, parfois des pèlerinages et vacances avec un confrère, de correspondance entre deux vols, me mettent en contact d’abord avec d’anciens fidèles de l’abbé Fuchs, puis avec de nouveaux fidèles. J’ai ainsi commencé à desservir deux autres groupes en République Tchèque, un en Hongrie et un au nord de la Roumanie; d’autres apostolats se sont ouverts ou se profilent par des contacts de Français à l’étranger: que ce soit l’appel d’un ami en Erasmus en Bulgarie ou bien des militaires déployés en mission plus ou moins longue dans deux autres pays balkaniques… Nos moyens humains sont dérisoires, mais tant que la Providence nous assiste, nous tâcherons de porter le Bon Dieu à toutes les âmes éparpillées et répondre aux demandes des fidèles locaux ou expatriés.
— Comment s’organise votre apostolat ?
Cela ne fait pas encore deux ans que j’ai commencé à voyager, et, d’autre part, les destinations s’ajoutent peu à peu… L’organisation théorique est la suivante: je me rends tous les deux mois à Prague pour au moins un dimanche. La Roumanie et la Bulgarie reçoivent au moins trois visites dans l’année, la Hongrie un peu plus du fait de sa position de hub aérien en Europe centrale. Aucun voyage n’a le même schéma que le précédent: tout repose sur le prix et la disponibilité des vols, trains et bus.
— Des perspectives de développement ?
Oui: l’un de mes grands soucis est que cet apostolat ne soit pas “mon” apostolat, mais un apostolat d’Église; j’essaie donc autant que possible de collaborer avec différents confrères, ce qui nous permet d’intensifier les visites: ainsi depuis quelques mois, l’abbé Aloïs Brühwiler visite tous les deux mois Prague, qui reçoit ainsi, sauf exception, une visite chaque mois. Quant à l’élargissement de l’apostolat, il faut suivre la Providence: un nouvel apostolat se profile en Bosnie par exemple…Que personne n’hésite donc à nous contacter !
Avec cette faible fréquence de visites, le plus important me semble d’approfondir la formation des fidèles: cela passe par la publication de documents et ouvrages solides: les fidèles le font déjà par eux-mêmes en Tchéquie, et je travaille actuellement à des débuts balbutiants de publication en hongrois et roumain. Mais nous manquons cruellement de traducteurs… À la grâce de Dieu !
— Avez-vous eu quelque passion pour ces contrées avant de vous y rendre ?
Oui et non. Mes études d’Histoire m’avaient certes donné l’occasion une année durant d’étudier avec un excellent professeur chaque détail de l’Europe centre-orientale et balkanique au XXe siècle. Mais cela ne représentait pas grand chose pour moi. J’avais déjà passé une semaine en Hongrie avant mon ordination, mais jamais je n’aurais imaginé y faire de l’apostolat, ne serait-ce que parce que les langues que je maîtrise m’orientaient vers un nombre suffisamment important de pays pour que je ne pense pas trop à ces pays aux langues totalement inconnues et passablement complexes…
— Votre ministère auprès des âmes exige en effet une communication intense avec vos fidèles. Dans quelle langue leur parlez-vous ? Cela ne leur semble-t-il pas difficile ?
Si jamais mes professeurs d’anglais de collège-lycée m’avaient prédit que j’effectuerai la plupart de mon apostolat dans la langue de Shakespeare, j’aurais à l’époque bien ri… Mais il est difficile aujourd’hui d’ignorer la lingua franca de notre monde globalisé, même en France où nous sommes fréquemment confrontés aux questions d’étrangers qu’ils soient touristes, pélerins ou visiteurs…
C’est en effet difficile pour les fidèles: je prêche avec interprète, nous sommes en train de mettre à jour et publier un livret polyglotte pour la confession… Heureusement, la plupart des fidèles ont tout de même accès, au moins pour les confessions, à des prêtres à la fois de bonne doctrine et au sacerdoce indubitable.
— Comptez-vous apprendre l’une de ces langues et si oui laquelle ?
Probablement pas le hongrois en tout cas ! Même si c’est un pays que j’apprécie beaucoup, la langue est un mystère linguistique qui n’offre aucune similitude avec les autres langues européennes… Si je devais en apprendre une, ce serait probablement le tchèque, puisque c’est là que j’ai la majorité de mes fidèles; cependant ce sont eux aussi qui sont le plus susceptibles d’obtenir des prêtres de leur langue; en fait, la Providence ne me donne pas le temps pour l’instant de me mettre sérieusement à l’apprentissage d’une langue…
— Quelles différences majeures distinguent l’Europe centrale d’avec l’Occident ?
La corruption morale et intellectuelle n’y arrive qu’avec bien du retard, notamment dans les pays les plus pauvres comme la Roumanie et la Bulgarie. Mais les “valeurs occidentales” se répandent néanmoins grâce à la propagande de l’UE, la plupart du temps avec la complicité des gouvernements.
— Au regard de l’Europe centrale, quelle leçon tirez-vous pour nous autres, catholiques occidentaux ?
La persécution conserve… des décennies de communisme athée militant ont bien moins nui à la foi de ces chrétiens que notre libéralisme occidental dégoulinant de tolérance démocratique. Et il faudra sans doute une persécution plus violente encore que celle des soviétiques pour nous purifier.
Et puis une grande leçon de courage: sans devancer le jugement officiel de l’Église, ce n’est pas déplacé quand mes confrères et fidèles parlent de “nos martyrs”; il est poignant de voir les geôles communistes ou ces chrétiens héroïques témoignèrent de leur foi et de leur attachement à l’Église. Leçon d’espérance enfin: la haine satanique du communisme étatique s’est essoufflée, les lendemains qui chantent ne sont pas venus, les bourreaux sont dans la tombe, mais leurs victimes, inconnus aux ossements mêlés dans les fosses communes, leur survivent dans la foi des fidèles et nous assurent de triompher avec eux si nous sommes fidèles.
Ce 8 décembre, les prêtres et séminaristes ont renouvelé leurs engagements dans la Société devant le Saint Sacrement. Après la messe, une modeste procession était organisée pour honorer la Vierge dans son Immaculée Conception.
La « Mission St. Joseph » se trouve en plein cœur du Kansas, à 10 minutes de St. Mary’s, le plus grand centre de la FSSPX ici aux Etats Unis.
La Mission Saint Joseph est née il y a quelques années, lorsque des fidèles ont fait appel à monsieur l’abbé Zendejas, courageusement sorti de la FSSPX pour continuer sans faiblir le combat de Mgr. Lefebvre.
Comme tous les centres de Messes au début, les fidèles ont connu la messe dans des garages, des salles louées, ou tout simplement pas de messe dominicale, en fonction des activités pastorales du futur Monseigneur Zendejas.
La situation commença à se stabiliser avec l’achat d’un ancien bar, très vite réaménagé en chapelle (photo à gauche), avec salle à tout faire : tour à tour salle de conférence lors des missions dominicaines, salle de jeu lors des camps d’été ou salle de réceptions lors des fameux « potluck[1] » américains.
A la veille des restrictions imposées suite au covid, Monseigneur Zendejas envoie l’abbé Brocard de façon permanente à la mission, pour que les fidèles aient un prêtre pour leur offrir conseils spirituels et sacrements.
Après un an passé dans le petit appartement aménagé dans une des salles de l’ancien bar, l’abbé apprécie vraiment la surprise que lui réserve Monseigneur pour l’été : l’achat d’une belle propriété qui est aménagée en prieuré. (Photo ci-contre : la vue depuis la cuisine du prieuré en hiver).
Deo gratias ! Nous pouvons maintenant accueillir des retraitants chaque année, faire les camps d’été de la Croisade Eucharistique, et recevoir les jeunes gens qui se posent la question de la vocation.
La vie paroissiale s’organise petit à petit : messe tous les jours, deux messes le dimanche dont une chantée, processions pour le 8 décembre, le Christ-Roi et pour la Fête-Dieu, réunions régulières du tiers-ordre dominicain, exposition du Très Saint Sacrement tous les jeudis, journées de récollection pour bien préparer l’Avent ou le carême, visites aux malades, mariage, baptêmes, enterrements, etc. Comme Monseigneur Thomas d’Aquin OSB avait raison ! « Pour la vitalité d’une paroisse, avant toute chose, il faut que le prêtre soit là ! »
Un de nos apostolats les plus absorbants, sans contredit, est la petite école : le « Tutorial » St. Don Bosco, qui a vu le jour il y a maintenant 3 ans et demi. 35 élèves, répartis sur 5 niveaux. Tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l’organisation d’une école et son bon fonctionnement, savent de quelle somme de sacrifices et d’abnégation nous parlons ici. Mais c’est le futur ! A nous de former les prêtres et familles de demain. La Providence pourvoit à tout, bien souvent au dernier moment (pour nous maintenir à genoux dans l’humilité et la prière). Et quand la situation se fait trop difficile, nous nous tournons avec confiance vers notre protecteur St. Joseph. [Sur la photo, vous pouvez voir Monseigneur Zendejas aidant un de nos élèves lors de notre traditionnel « party » de La Toussaint : chaque enfant se déguise en un saint, et lit trois indices pour que les parents puissent découvrir de quel saint il s’agit.]
2024 voit deux évènements importants : La prise de soutane de notre séminariste, Joshua de la Fuente ; et l’intronisation de la nouvelle église que Monseigneur Zendejas a commencé à construire.
Tout doucement, jour après jour, avec l’aide de Dieu, une chrétienté se construit, pour continuer à se battre pour le règne du Christ-Roi. Comme nous le répète souvent notre cher Monseigneur : Viva Cristo Rey !!!
Mais la parole de notre doux Sauveur n’a jamais été aussi vraie : « Alors il dit à ses disciples: La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. »
Ces quelques lignes ne vous ont donné qu’un bref aperçu de l’apostolat d’un de nos centres, et nous avons plusieurs missions dans tous les USA. La tâche est écrasante ! Monsieur l’abbé Blanchet nous a courageusement rejoint en Septembre, mais malheureusement l’abbé Brocard, n’ayant pas obtenu son permis de séjour, a dû quitter – pour un temps – le champ de bataille.
Chers amis, priez souvent cette supplication : « Seigneur, donnez-nous des prêtres ! De saints prêtres ! Beaucoup de saints prêtres ! »
Les enfants de la Mission sauront vous en remerciez par leurs prières.
[1] Potluck : réunion après la messe de toutes les familles de la paroisse, chacune apportant quelque chose, pour un repas paroissial.
Le sacerdoce que vous avez reçu hier, cher M. l’abbé, est le même que Jésus-Christ a reçu de son Père (Jean 17, 22). Le prêtre est le ministre de Dieu chargé d’accomplir deux œuvres extrêmement nobles et exaltées : l’honorer par le saint sacrifice de la Messe et sanctifier les âmes. C’est pourquoi les Écritures appellent le prêtre « l’homme de Dieu » [1 Timothée 6, 11], un homme qui n’est plus du monde, ni de ses proches, ni même de lui-même, mais seulement de Dieu et qui ne cherche rien d’autre que Dieu.
Cher Monsieur l’abbé, toutes ces citations sur la sublime dignité du sacerdoce suscitent en nous une grande admiration, mais elles nous font aussi peur, car le trésor qui nous a été donné est trop précieux pour les vases de terre que nous sommes. Cependant, le même Dieu qui a dit : « Soyez parfaits comme je suis parfait », a également dit que « rien ne lui est impossible » (Luc 18, 27). Courage ! Malgré toutes vos faiblesses et vos obscurités, la grâce de Dieu a voulu triompher en vous, cher Monsieur l’abbé, et faire de vous un prêtre fidèle, un prêtre digne, un saint prêtre. Pour ce faire, vous devez toujours être en mesure de recevoir la lumière et la force de Dieu dans la grâce divine. Comment ? Suppliant sans cesse pour avoir l’amour de la croix, la croix qui ne vous a pas manqué jusqu’à présent, cher Monsieur l’abbé, et qui ne vous manquera pas jusqu’à la mort.
Un saint prêtre du XIXe siècle a dit : « Le prêtre doit mourir à son propre corps, à son propre esprit, à sa propre volonté, à sa propre renommée, à sa propre famille et au monde. Il faut le sacrifier dans le silence, dans la prière, le travail, la pénitence, la souffrance, la mort. Plus vous mourrez, plus vous avez de vie et plus vous donnez de vie. Le prêtre est un homme crucifié qui (par amour) donne son corps, son esprit, son temps, ses biens, sa santé, sa vie. Le prêtre est un homme crucifié. » Seul celui qui est crucifié sauve les âmes. Le Christ n’a pas voulu nous sauver par l’action, mais par son contraire : la passion, la souffrance. La souffrance unie au Christ devient rédemptrice. Premièrement, donc, cher Monsieur l’abbé, la prière, la supplication, toujours et avant tout.
Le Père Emmanuel André, saint abbé bénédictin du XIXe siècle, enseigne que des trois principaux devoirs du prêtre, le premier est celui de la prière. Deuxièmement, il y a le devoir de prêcher, et troisièmement, l’administration des sacrements. C’est l’ordre désiré par Dieu. Et il ajoute que bien que le ministère sacerdotal ait plusieurs fonctions externes, considéré dans son ensemble, il s’agit d’une œuvre interne. L’action du prêtre sur l’âme de ses semblables sera efficace dans la mesure où le prêtre s’unira à Dieu par la prière, dans la mesure où il maintiendra sa propre âme élevée vers Dieu par la prière. Seul Dieu donne sans avoir reçu, car étant Dieu il a tous les biens en lui-même. Mais nous, qui ne sommes pas Dieu, nous ne pouvons donner que ce que nous avons reçu auparavant de Dieu. Comment Dieu nous donnera-t-il ces moyens si nous ne les lui demandons pas avec persévérance, humilité et confiance ? « Combien nos Pères, les anciens missionnaires bénédictins, sont admirables sur ce point ! s’écria le Père Emmanuel. Ils arrivèrent dans un pays idolâtre ; ils cherchèrent un endroit solitaire et là ils commencèrent à prier. Ils ont combattu les démons et les animaux sauvages. Ils construisirent une simple cabane pour s’abriter, chantèrent les Psaumes aux Heures Canoniques du jour et de la nuit… Et après être restés en prière souvent pendant des années, enfin des bergers vinrent les voir et leur demandèrent qui ils étaient et ce qu’ils faisaient ; de là aux premières leçons de catéchisme, il n’y avait qu’un pas. Au fil du temps, il y eut des catéchumènes, et c’est ainsi une chrétienté naquit à cet endroit. La persécution pourrait venir, mais elle serait vaincue parce que la foi, triomphante, avait déjà été semée dans les âmes. Tout cela est né d’un travail intérieur : de la prière, de l’union avec Dieu par la prière. Dans cette union, dans cette communication incessante, les saints recevaient de Dieu les grâces de lumière pour la conversion des âmes ; et ainsi leur ministère fut béni par Dieu. »
Il y a eu des saints qui ont exercé une puissante influence sur leurs semblables presque exclusivement par la prière, c’est-à-dire non pas dans le bruit de l’action extérieure, mais dans le silence de la communion des saints, comme ce fut le cas de votre bien-aimée sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui, selon l’Église, a fait et continue de faire un grand bien à un grand nombre d’âmes sans jamais avoir quitté son cloître. Elle, déclarée par l’Église patronne universelle des missions, est la sainte des handicapés, des incapables, de ceux qui, comme le Christ et avec le Christ, sont immobilisés par les clous qui les attachent à leur croix.
Cher Monsieur l’abbé, que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Mère, accorde à votre âme, désormais sacerdotale, de recevoir toutes les bénédictions du Christ. Qu’elle vous accorde obtenir du Ciel la bénédiction d’une charité ardente et les fruits abondants de l’amour pour Dieu et pour le prochain pour amour pour Dieu. La bénédiction d’être un père bienveillant, un enseignant sage, un juge juste et un artisan de paix parmi les fidèles qui lui sont confiés par ses supérieurs. Qu’elle attire sur son âme la bénédiction d’une foi profonde et combative en ces temps d’apostasie, la bénédiction d’une espérance ferme et d’un cœur consumé par le feu du Sacré-Cœur de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie ; la bénédiction d’une vie exemplaire en prudence, justice, force, tempérance, humilité, patience, douceur, chasteté et toutes les vertus chrétiennes. Notre-Dame, enfin, cher Monsieur l’abbé, vous accorde la bénédiction de toujours suivre le chemin des prêtres fidèles et de tous les saints : le chemin de l’amour de la croix et de la prière, afin que vous soyez un instrument de Dieu pour le salut de nombreuses âmes, pour la plus grande gloire de Dieu.