Sermon prononcé pour la première messe de l’abbé Flavio Mateos
Excellence,
Chers Prêtres, Frères et Sœurs,
Chers fidèles,
Cher Monsieur l’abbé,
Le sacerdoce que vous avez reçu hier, cher M. l’abbé, est le même que Jésus-Christ a reçu de son Père (Jean 17, 22). Le prêtre est le ministre de Dieu chargé d’accomplir deux œuvres extrêmement nobles et exaltées : l’honorer par le saint sacrifice de la Messe et sanctifier les âmes. C’est pourquoi les Écritures appellent le prêtre « l’homme de Dieu » [1 Timothée 6, 11], un homme qui n’est plus du monde, ni de ses proches, ni même de lui-même, mais seulement de Dieu et qui ne cherche rien d’autre que Dieu.
Cher Monsieur l’abbé, toutes ces citations sur la sublime dignité du sacerdoce suscitent en nous une grande admiration, mais elles nous font aussi peur, car le trésor qui nous a été donné est trop précieux pour les vases de terre que nous sommes. Cependant, le même Dieu qui a dit : « Soyez parfaits comme je suis parfait », a également dit que « rien ne lui est impossible » (Luc 18, 27). Courage ! Malgré toutes vos faiblesses et vos obscurités, la grâce de Dieu a voulu triompher en vous, cher Monsieur l’abbé, et faire de vous un prêtre fidèle, un prêtre digne, un saint prêtre. Pour ce faire, vous devez toujours être en mesure de recevoir la lumière et la force de Dieu dans la grâce divine. Comment ? Suppliant sans cesse pour avoir l’amour de la croix, la croix qui ne vous a pas manqué jusqu’à présent, cher Monsieur l’abbé, et qui ne vous manquera pas jusqu’à la mort.
Un saint prêtre du XIXe siècle a dit : « Le prêtre doit mourir à son propre corps, à son propre esprit, à sa propre volonté, à sa propre renommée, à sa propre famille et au monde. Il faut le sacrifier dans le silence, dans la prière, le travail, la pénitence, la souffrance, la mort. Plus vous mourrez, plus vous avez de vie et plus vous donnez de vie. Le prêtre est un homme crucifié qui (par amour) donne son corps, son esprit, son temps, ses biens, sa santé, sa vie. Le prêtre est un homme crucifié. » Seul celui qui est crucifié sauve les âmes. Le Christ n’a pas voulu nous sauver par l’action, mais par son contraire : la passion, la souffrance. La souffrance unie au Christ devient rédemptrice. Premièrement, donc, cher Monsieur l’abbé, la prière, la supplication, toujours et avant tout.
Le Père Emmanuel André, saint abbé bénédictin du XIXe siècle, enseigne que des trois principaux devoirs du prêtre, le premier est celui de la prière. Deuxièmement, il y a le devoir de prêcher, et troisièmement, l’administration des sacrements. C’est l’ordre désiré par Dieu. Et il ajoute que bien que le ministère sacerdotal ait plusieurs fonctions externes, considéré dans son ensemble, il s’agit d’une œuvre interne. L’action du prêtre sur l’âme de ses semblables sera efficace dans la mesure où le prêtre s’unira à Dieu par la prière, dans la mesure où il maintiendra sa propre âme élevée vers Dieu par la prière. Seul Dieu donne sans avoir reçu, car étant Dieu il a tous les biens en lui-même. Mais nous, qui ne sommes pas Dieu, nous ne pouvons donner que ce que nous avons reçu auparavant de Dieu. Comment Dieu nous donnera-t-il ces moyens si nous ne les lui demandons pas avec persévérance, humilité et confiance ? « Combien nos Pères, les anciens missionnaires bénédictins, sont admirables sur ce point ! s’écria le Père Emmanuel. Ils arrivèrent dans un pays idolâtre ; ils cherchèrent un endroit solitaire et là ils commencèrent à prier. Ils ont combattu les démons et les animaux sauvages. Ils construisirent une simple cabane pour s’abriter, chantèrent les Psaumes aux Heures Canoniques du jour et de la nuit… Et après être restés en prière souvent pendant des années, enfin des bergers vinrent les voir et leur demandèrent qui ils étaient et ce qu’ils faisaient ; de là aux premières leçons de catéchisme, il n’y avait qu’un pas. Au fil du temps, il y eut des catéchumènes, et c’est ainsi une chrétienté naquit à cet endroit. La persécution pourrait venir, mais elle serait vaincue parce que la foi, triomphante, avait déjà été semée dans les âmes. Tout cela est né d’un travail intérieur : de la prière, de l’union avec Dieu par la prière. Dans cette union, dans cette communication incessante, les saints recevaient de Dieu les grâces de lumière pour la conversion des âmes ; et ainsi leur ministère fut béni par Dieu. »
Il y a eu des saints qui ont exercé une puissante influence sur leurs semblables presque exclusivement par la prière, c’est-à-dire non pas dans le bruit de l’action extérieure, mais dans le silence de la communion des saints, comme ce fut le cas de votre bien-aimée sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui, selon l’Église, a fait et continue de faire un grand bien à un grand nombre d’âmes sans jamais avoir quitté son cloître. Elle, déclarée par l’Église patronne universelle des missions, est la sainte des handicapés, des incapables, de ceux qui, comme le Christ et avec le Christ, sont immobilisés par les clous qui les attachent à leur croix.
Cher Monsieur l’abbé, que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Mère, accorde à votre âme, désormais sacerdotale, de recevoir toutes les bénédictions du Christ. Qu’elle vous accorde obtenir du Ciel la bénédiction d’une charité ardente et les fruits abondants de l’amour pour Dieu et pour le prochain pour amour pour Dieu. La bénédiction d’être un père bienveillant, un enseignant sage, un juge juste et un artisan de paix parmi les fidèles qui lui sont confiés par ses supérieurs. Qu’elle attire sur son âme la bénédiction d’une foi profonde et combative en ces temps d’apostasie, la bénédiction d’une espérance ferme et d’un cœur consumé par le feu du Sacré-Cœur de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie ; la bénédiction d’une vie exemplaire en prudence, justice, force, tempérance, humilité, patience, douceur, chasteté et toutes les vertus chrétiennes. Notre-Dame, enfin, cher Monsieur l’abbé, vous accorde la bénédiction de toujours suivre le chemin des prêtres fidèles et de tous les saints : le chemin de l’amour de la croix et de la prière, afin que vous soyez un instrument de Dieu pour le salut de nombreuses âmes, pour la plus grande gloire de Dieu.