Transcription abrégée du sermon
Chers Révérends Pères, chers Pères et Frères, chers Confrères, chers Amis, mes bien chers frères,
Nous venons de le lire dans l’Evangile : Notre Seigneur envoie les douze apôtres en mission, leur donnant le pouvoir de chasser les démons « étant donc partis, ils chassaient beaucoup de démons, appliquaient l’onction des huiles sur beaucoup de malades et les guérissaient ainsi » (Mc, 6, 12-13). A l’époque on ne disposait que de l’huile d’olive, et c’est la seule huile qui a été utilisée pendant vingt siècles par l’Eglise. L’apôtre saint Jacques, de son côté écrit : « Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les prêtres de l’Eglise et que ceux-ci prient pour lui en versant sur lui l’onction de l’huile au nom du Seigneur, et le Seigneur pardonnera ses péchés et la foi sauvera le malade. » (Jc. 5, 14) Cette onction, avec l’huile des malades, n’est autre que le sacrement de l’extrême-onction.
Nous sommes régénérés dans l’eau du baptême. Nous sommes ensuite confirmés et fortifiés par l’huile consacrée. L’huile est donc l’un des principaux éléments que Dieu a choisis pour signifier et, en même temps, répandre la grâce dans nos âmes, par les sacrements. Remercions notre Rédempteur qui a appelé ces créatures visibles et matérielles à communiquer sa grâce invisible et sa propre vie, en leur donnant – par son sang – la force sacramentelle qui réside en elles.
En effet, Notre Seigneur est appelé le Christ, c’est-à-dire celui qui a reçu l’onction, qui a été oint ; cette onction a fait de Notre Seigneur le prêtre unique, le Grand Prêtre de l’unique religion véritable. Notre Seigneur a été fait prêtre au moment où sa divinité a assumé la nature humaine, à l’instant même de l’Incarnation, alors que le Verbe, le Fils de Dieu, prenait possession de cette humanité ointe par la divinité du Verbe et donc divinisée. Dès le premier instant de son Incarnation Notre Seigneur était vrai Dieu et vrai homme.
Pourquoi l’Eglise a-t-elle choisi le Jeudi saint pour demander à l’Evêque de consacrer les saintes huiles ? Parce que c’est le jour où Notre Seigneur a communiqué son sacerdoce à ses apôtres au moment de la Cène.; le prêtre participe ainsi de l’onction divine que Notre Seigneur a reçue : une onction qui donne au prêtre un caractère qui le marque pour l’éternité et qui l’unit désormais pour toujours au sacerdoce de Notre Seigneur : d’où la sainteté et l’humilité si nécessaires au prêtre.
L’Eglise demande au prêtre et à l’évêque de donner à leur tour l’onction à tous les chrétiens avec les saintes huiles : au baptême, à la confirmation, pour le sacrement de l’ordre et pour l’extrême-onction, mais aussi dans la consécration des calices, des autels, la bénédiction des cloches et la dédicace des églises. Saintes huiles qui serviront à consacrer, à faire participer à la divinité de Notre Seigneur, ceux qui en recevront l’onction.
Le Jeudi Saint au soir, pendant son agonie au Jardin des Oliviers, Notre Seigneur a sanctifié l’huile d’olive en répandant son sang sur cette terre où sont récoltées les olives ; de même, il avait sanctifié l’eau lors de son baptême par saint Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain.
En recevant les saintes huiles nous somme guéris, nous sommes sauvés par les souffrances, les sueurs et le sang de Notre Seigneur ; comme le dit saint Pierre avec la prophétie d’Isaïe : « c’est par ses meurtrissures et par ses plaies que vous avez été guéris ». (Is. 53,5 et 1 Pe.2, 24).
Misère et grandeur de l’homme : il naît pécheur ; mais par le baptême et le saint chrême il est consacré à Dieu et reçoit une participation à la divinité. Nous avons besoin de ces signes visibles, matériels et spirituels : l’eau, l’huile, le vin et le pain consacrés, pour comprendre les grandes grâces que Dieu nous fait en nous faisant chrétiens. Le prêtre et l’évêque sont consacrés par le saint-chrême ; les rois eux-mêmes, étaient consacrés par le saint-chrême et par le baume extrait de la Sainte Ampoule, qui leur donnait en outre le pouvoir de guérir la maladie incurable des écrouelles le jour de leur sacre et lors des grandes fêtes religieuses. […] Mais la république n’a pas hérité de ce don, ni ses actuels présidents….
C’est par le saint chrême que le Saint-Esprit imprime son sceau ineffaçable sur les chrétiens qui sont déjà membres de Jésus-Christ par le baptême. L’eau du baptême nous donne de naître une nouvelle fois : cette fois-ci à la vie surnaturelle et éternelle, comme le disait Notre Seigneur à Nicodème. Et l’huile du saint-chrême nous confère la force dont nous avons tant besoin aujourd’hui, en cette période d’agonie de l’Eglise, où nous devons résister de toutes nos forces à la contagion du courant d’apostasie générale, avec l’aide de la Très Sainte Vierge Marie qui a vaincu toutes les hérésies : « Ipsa conteret ».
Nous allons vivre aujourd’hui et demain, auprès de Notre Seigneur, dans ses souffrances, dans sa Passion : nous entrerons dans ses mystères et nous comprendrons davantage la grandeur du don de Dieu, de sa Rédemption, de sa grâce, de son sacrifice et de la sainte messe qui le prolongent à chaque génération.
Demandons à Notre Seigneur et à sa Très Sainte Mère, la mère du Grand-Prêtre, qu’elle envoie à l’Eglise beaucoup de saints prêtres pour s’unir au sacerdoce de son divin Fils. Ainsi soit-il !