Le Séminaire

Histoire du séminaire depuis 2015

Le Séminaire Saint-Louis Marie Grignon de Montfort a ouvert ses portes en septembre 2015, dirigé par S.E. Mgr Jean-Michel Faure. Le séminaire entend continuer l’œuvre de Mgr Marcel Lefebvre, à savoir la formation de prêtres fidèles à la Tradition Catholique, qui implique nécessairment le rejet des réformes libérales et néo-modernistes issues du concile Vatican II. L’occasion de la création du séminaire fut l’affaiblissement doctrinal et les compromissions « par palliers » de la Fraternité Saint Pie X, en recherche d’un accord avec la Rome «  de tendance néo moderniste et néo-protestante » (Déclaration du 21 novembre 1974). Nous entendons faire perdurer la ligne doctrinale de Mgr Lefebvre, ainsi que continuer l’ « Opération Survie » du sacerdoce et des sacrements catholiques. 

Le séminaire, fondé en 2015, s’est d’abord établi à Avrillé (Maine-et-Loire), dans une maison de location à quelques minutes du couvent de la Fraternité Saint-Dominique. L’enseignement est, depuis l’origine, essentiellement donné par les pères dominicains. 

Après plusieurs années de recherches, le Séminaire a enfin pu acquérir une propriété convenable, à Morannes-sur-Sarthe.

La Vie de Séminariste

Vie de prière :

La vie du séminariste, préparation de la vie sacerdotale,  tourne toute entière autour de l’autel et du Saint Sacrifice : « Les séminaristes auront à cœur de faire du Sacrifice eucharistique l’âme de leur vie sacerdotale et donc de leur vie d’aspirant au sacerdoce. Toute leur vie de prière et leurs exercices de religion s’orienteront vers le sacrifice de la Messe » (Mgr M. Lefebvre, Règlement du Séminaire, Première partie). 

La Société des Apôtres de Jésus et Marie étant une société de vie commune sans vœux, les séminaristes s’exercent à la vie commune, notamment dans certains temps de prière ; une journée ordinaire est rythmée par quatre temps de prière commune : le matin, la communauté se réunit pour l’office de Prime, l’oraison mentale et la Sainte Messe ; à midi, pour l’office de Sexte et le soir, pour le chant des Complies ; le chapelet est récité en commun au cours de la journée. Le dimanche, les Vêpres sont chantées en fin d’après-midi. Le vendredi, le chapelet en commun est remplacé par le chemin de Croix (ou par une heure sainte le premier vendredi du mois). 

La messe est chantée chaque dimanche et fête de première classe, ainsi que le premier samedi du mois. 

Chaque mois, une journée de récollection permet aux séminaristes de revivifier par le silence leur vie spirituelle.

Etudes et formation intellectuelle :

La raison d’être du séminaire est la formation de prêtres, formation qui se doit d’être d’autant plus solide du fait de la crise dans l’Eglise. Les séminaristes doivent avoir à cœur d’acquérir une profonde connaissance des vérités philosophiques et théologiques qui leur sont enseignées, connaissance qui ne doit d’ailleurs pas rester froidement théorique, mais augmenter en eux l’amour de la Sagesse incarnée. 

Les cours sont actuellement dispensés par les R.P. dominicains d’Avrillé, ainsi que quelques prêtres membres de la Société ou amis. 

Afin d’approfondir les enseignements reçus en cours, les séminaristes doivent beaucoup étudier par eux même ; la bibliothèque du séminaire peut leur fournir les ouvrages nécessaires à cet approfondissement.

Travaux et services de communauté

La devise bénédictine « Ora et labora », loin d’être exclusivement bénédictine, s’applique en réalité à tout chrétien. Sans pour autant mener la vie monastique, les séminaristes participent à la vie commune par un certain nombre de tâches matérielles. Le soin et le dévouement à ces tâches matérielles enseignent au futur prêtre les grandes vertus sacerdotales d’humilité et d’obéissance, si nécessaires dans leur apostolat futur. 

Certaines tâches sont communes à tous les séminaristes et concernent le fonctionnement général de la maison : vaisselle, service de table… ces charges sont assurées à tour de rôle par des séminaristes qui changent chaque semaine. 

Certaines tâches sont attribuées à des séminaristes pour une longue durée : il s’agit de responsabilités particulières, comme celles de cérémoniaire, sacristain, bibliothécaire, etc.

Récréations, sorties, vacances

La vie intellectuelle ne peut se soutenir sans saine récréation ; ces temps de récréation font donc partie intégrante de la vie de communauté au séminaire : deux temps de récréation suivent donc chacun des repas. Les dimanche et mercredi, les séminaristes peuvent profiter de toute l’après-midi pour une sortie ou une activité sportive. 

Chaque trimestre, dans la mesure du possible, est organisée une grande sortie de communauté. 

Les séminaristes ont trois temps de vacances dans l’année : 

  • Noel : du 25 décembre (après les Vêpres) au samedi suivant l’Epiphanie
  • Pâques : du dimanche de Pâques (après Vêpres) au deuxième samedi après Pâques
  • Eté : de la fin juin (après les ordinations ou, à défaut, les examens) jusqu’à la retraite de rentrée (début septembre). Au cours de cette période prolongée, les séminaristes accomplissent un temps d’apostolat ou d’assistance à l’apostolat de prêtres du séminaire ou amis (camps de jeunes, retraites, etc.)

Le Cursus du Séminaire

Le Cursus du séminaire est organisé selon les exigences du droit canon et les décisions de Mgr Marcel Lefebvre. 

Pour pallier à l’insuffisante formation spirituelle de la jeunesse, Mgr Lefebvre a voulu que les études sacerdotales soient inaugurées par une année de spiritualité, pendant laquelle les séminaristes s’initieront aux principes de la vie intérieure. Parce que l’union à Dieu se vit dans une situation concrète de crise religieuse, les séminaristes reçoivent en complément des cours d’Actes du Magistère, dans lesquels ils étudient les grandes encycliques pontificales sur les grandes erreurs de notre temps : Modernisme, libéralisme… Cette formation spirituelle se poursuivra tout au long du séminaire par les conférences spirituelles données certains soirs de semaine.

La philosophie, « ancilla theologiae » (servante de la théologie) est ensuite étudiée pendant deux années par les séminaristes. 

« Toute la philosophie chante la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a créé les choses de ce monde. La philosophie n’est pas autre chose que la découverte des merveilles que Dieu a faites dans ce monde, dans le monde matériel, dans le monde spirituel et dans le monde céleste, car le sommet de la philosophie, c’est la théodicée, c’est l’étude de Dieu, de tous les attributs merveilleux de Dieu. » Mgr Lefebvre

Conformément au droit canon, les séminaristes abordent ensuite l’étude de la théologie, étude de Dieu et des vérités surnaturelles révélées. Cette étude se fait à l’école du « Docteur Angélique », saint Thomas d’Aquin, donné par les papes comme modèle et référence à tous ceux qui étudient la science sacrée. 

Parallèlement à ces études de philosophie et théologie, les séminaristes reçoivent des cours d’Ecriture Sainte, d’Histoire de l’Eglise et de Droit Canon. Selon le désir de Mgr Lefebvre, une formation solidement antilibérale et contre-révolutionnaire est donnée tout au long du séminaire.

Histoire du Bâtiment

Grâce à Dieu et à la générosité de nos bienfaiteurs, nous avons pu acheter une maison à Morannes-sur-Sarthe, bourgade du Maine et Loire proche de la Sarthe. Outre la situation et les dimensions du bien, c’est la présence d’une chapelle incorporée au bâtiment qui nous a fait désirer y installer le Séminaire Saint Louis Marie Grignion de Montfort. Mais ce ne fut pas le seul motif. Après nous être documentés, nous nous sommes rendus compte que cette maison avait un passé chrétien digne d’éloges et nous avons souhaité renouer avec ce passé religieux. Pourquoi ? 

Depuis son origine, l’Eglise est vouée au Christ. Elle doit pour cela maintenir inchangées les vérités à croire, les sacrements à recevoir, les commandements à pratiquer. Tout doit concourir à la Gloire de Dieu et au Salut des âmes, et cela va d’autant mieux si l’on s’applique à suivre dans cette voie ceux qui nous ont précédés. Or, il se trouve que cette maison, il n’y a pas si longtemps, était encore une maison religieuse au passé discret, peut-être, mais fort édifiant. Pour en résumer l’histoire, nous avons eu recours à un document paru dans les Archives Médicales d’Angers, sous la plume du Docteur Picard, en 1902. Notre adresse est du reste : 8 rue du Docteur Picard.

Terre chrétienne, Morannes est une dotation des rois de France à l’évêché d’Angers, confirmée par Charles le Chauve en 845. Le dictionnaire historique du Maine et Loire nous apprend que, dès le 13ème siècle, il existait à Morannes une léproserie. Et, au 15ème siècle une aumônerie « avec chapelle, hôtel et jardin entre la Rivière [la Sarthe] et l’église. Nous retrouvons déjà la configuration des bâtiments actuels. 

L’aumônerie se transforme au 17ème siècle en hôpital. Par la volonté de Louis XIV, « le Roi a ordonné et ordonne qu’il sera établi un hôpital de pauvres malades à Morannes, auquel Sa Majesté a joint, réuni et incorporé les biens et revenus de l’aumônerie Saint Jullien dudit Morannes »

Quand on parle d’aumônerie, il faut savoir qu’il s’agit à l’époque d’une charge ecclésiastique destinée à l’assistance des pauvres ; et quand on écrit « hôpital », il ne faut pas s’imaginer un édifice semblable à ceux d’aujourd’hui. Le 19 décembre 1723 est en effet établi, par devant Pierre Bouchard, notaire royal à Chemiré-sur-Sarthe que le fonds de l’hôpital de Morannes consiste « en une maison où sont les malades gouvernés par les filles Marie Ester Debiard, demoiselle Margueritte Coignard et Renée Neau et autres bonnes personnes qui s’en donnent les soins et peines sans en retirer aucun salaire ny nourriture  (…) qu’il y a six lits, meubles et ustensile pour l’utilité des malades … » 

Un passage de l’écrit du Docteur Picard est particulièrement intéressant. « A la date du 9 août 1723, une ordonnance rendue par Charles Baudry, Lieutenant général de la Sénéchaussée d’Anjou, mande « aux principaux habitants de la paroisse  de s’assembler à la manière accoutumée, à l’issue de la grande messe paroissiale, pour donner leur consentement au subject du dit établissement ou y dire autrement ce qu’ils adviseront … et rapporter un état du revenu par lequel ils prétendent faire subsister le dit hôpital ». 

Mieux qu’une procédure démocratique, ce mode de fonctionnement de l’Ancien Régime ne se contentait pas de demander l’opinion des habitants, sans plus ; il les appelait à participer directement à la subsistance les institutions religieuses. 

A l’époque, si l’hôpital est en vie, c’est parce qu’il est très proche des habitants qui veulent garder leur hôpital au prix de grands dévouements et d’une grande charité. Ainsi, demoiselle Catherine de Champagné se signale comme bienfaitrice en 1749, par le don de différents immeubles dont la Closerie de la Vieille Jaltière (une closerie est une propriété agricole de 10 à 15 hectares ; le nom de closerie vient de l’obligation qui était faite à l’époque d’entourer la propriété de clôtures vives (haies d’arbres ou vanneries). Renée Catherine Champagné décèdera à l’âge de 42 ans en 1751. 

Il faut aussi nommer Renée-Barbe Dupont qui fut longtemps première Supérieure de l’hôpital. « Après avoir consacré au service des pauvres toutes ses forces et toute sa fortune », elle rendit sa belle âme à Dieu en 1767, à l’âge de 78 ans. Elle appartenait vraisemblablement aux Sœurs de la Charité de Sainte Marie d’Angers fondées en 1679. 

L’hôpital de Morannes continue d’exister pendant la période révolutionnaire. A preuve : les archives de l’an XII qui mentionnent « le citoyen Merlin, officié de santé ; puis en 1808, M. Bouffard, docteur médecin ». Surtout vers l’an V de la république, la vocation de la maison fut de recueillir des enfants abandonnés. La circonscription de l’hôpital s’étendait alors jusqu’aux cantons de Tiercé et de Châteauneuf. Le secrétaire de l’hospice recevait du Ministère de l’intérieur des sommes qu’il distribuait aux nourrices chargées des enfants. On ne comprend que très imparfaitement la chrétienté des siècles passé si l’on fait abstraction du courage, de la fidélité et de la charité qui animaient les populations d’autrefois. 

Faisons un saut dans le temps. Le 15 novembre 1810, une autorisation de Napoléon 1er indique que les Sœurs de la Charité de Ste Marie d’Angers, sont chargées officiellement de s’occuper d’un certain nombre d’hôpitaux, dont celui de Morannes. Elles se consacraient au service des malades ainsi qu’au service corporel et spirituel des pauvres. Or, l’hôpital dépendait de l’Evêque d’Angers. 

Après Napoléon 1er l’établissement a besoin de réparations. La Chapelle est trop vétuste et il est décidé de la reconstruire. La bénédiction de la première pierre de la nouvelle chapelle (celle qu’on peut admirer encore aujourd’hui) a lieu le 22 mai 1870. Mais la guerre fait rage. L’établissement, encore en travaux, ne peut mettre à disposition de la Société Internationale de Secours aux blessés que huit lits. Malgré tout, les travaux se termineront en 1872. La bénédiction de la chapelle aura lieu le 19 novembre de la même année. 

Pour l’instant nous ne disposons pas d’éléments nous permettant de suivre plus près de nous l’histoire de cette maison de Morannes. Mais c’est assez pour nous rendre compte de son passé chrétien fait de dévouement et de don de soi à l’œuvre de la Rédemption. Un bel exemple pour les prêtres, les séminaristes, les sœurs et les fidèles qui prêtent main forte à cette belle œuvre de conservation des vérités de la Foi, dans la tradition des siècles chrétiens.